Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/220

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et jurant en foy de faire le commandement de la Royne et son pouvoir. Cela faict, dict, promis et permis, Priscaraxe donna à son cher filz deux tresbelles chemises byssines blanches comme la nege et odorantes comme basme, un beau chappeau vermeil de cuyr purpurin, eschiqueté menu, un brave saye à chevaucher, faict à l’agüille de soyes de diverses couleurs, entretissu de deliez plumages peinturez naturellement des oyseaux orientaux, à grandes et larges manches volantes, et un beau Jaseran par dessus, ouvragé et frangé de filz d’or ondoyans, le tout faict et tyssu par ses propres mains. Et, ostant de son col une chaine d’or precieuse et riche, la mist au col de son filz Alector, pour monstrer enseigne qu’il estoit noble. Puis le baisa trestendrement et piteusement, luy disant Adieu, car plus parler ne povoit. Et pourtant se retira en sa chambre secrete pour plorer son saoul et par force de larmes relascher les angoisses et douleurs qui la pressoient. Alector d’autre part, esmeu et compassionné naturellement sur la douleur de sa mere, et toutesfois tresjoyeux d’avoir obtenu son congé, s’en alla en son logis contigu au pa-