Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/230

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la tuille, de raisins passis et de pommes, avec du vin faict de miel et d’eau, invitant simplement leur hoste à manger et à boyre, ce pendant que le cheval paissoit l’herbe, à quoy il s’accorda tresvoluntiers, comme celuy qui en avoit bon besoing. Parquoy il se asseit à jambes croisées, luy et le pescheur, au tour de celle belle nappe sans tissure, où la vieille les servit de poisson bouilli et rosti, et de force fructages.

Ainsi ilz beurent et repeurent à leur aise en devisant de l’adventure, et comme le Fleuve impetueux l’avoit là apporté, ne sachant en quel pays il estoit. Le Pescheur luy dist qu’il estoit au pied des mons d’Armenie. Puys Alector luy demanda s’il savoit nulles nouvelles de moy, en luy donnant les enseignes de mon cheval volant et nageant. Le Pescheur luy dist que bien y avoit deux ans qu’il avoit veu monter contremont le fleuve un tel grand et enorme cheval, portant plusieurs personnes et autres choses, et entre autres un fort grand et beau personnage armé de peaux de Lyon sur un harnois blanc, portant un grand escu à un Soleil d’or en champ d’azur ; et depuis avoit bien ouy dire que ce grand homme avoit defaict et mis en pieces une gran-