Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/24

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de poinctes le dos d’un porc espic, ne se peut plus contenir que par furiale rage d’amour, prostituant toute honte virginale, toute craincte pudique et tout honneur de son noble sang, excedant la pusillanimité de son sexe par un coeur plus que virile, ne se vint entreposer au travers des mortelles armes volantes entre ses freres et parents assaillans, et son ami defendant sa vie et son honneur, d’elle et de luy. Elle estant descoiffée à cheveux espars, beaux comme raiz de Soleil, la face triste et esplourée, mais neantmoins plene d’une treshardie et grave constance, son beau corps plus blanc que les statues des Graces alabastrines qui au dessus estoient posées, et parmy le blanc illuminé d’un vif incarnat couvert seullement avec ses linges deliez et transparens d’un legier manteau de damas blanc, constituée entre les deux parties, se tourna vers ses freres et leurs adherens, en voix hardie et effrontée leur disant telles paroles :

« Mes freres, et vous mes parens et amis, je vous prie un peu cesser le traict, haulser le bois, et m’escouter. L’effort que vous faictes contre ce beau, jeune, vaillant et vertueux gentilhomme (que vous ne cognoiscez)