Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/240

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et parjure, tu as desrobé mon escu, pollu et violé le sacré trophée, et toy qui n’es que Escuyer, contre ton serment de noblesse as prins les armes contre moy, qui suys ou ay esté Chevalier, cerchant de m’occire à ton povoir, voire que tu as occis et (qui pis est) mangé un de mes compaignons d’habitation. Et maintenant, t’en penses tu aller ainsi avec ton rapt et sacrilege larrecin ? Rendz moy mon escu ! Alector s’entendant ainsi injurier, non en barbe (car encore n’avoit il barbe que de chair plene et sanguine), mais en face et visage, s’eschauffa en sa peau fort ireusement, et neantmoins resumant les raisons du grand Chevalier noir (qui ne luy sembloient du tout vaines), comme jeune bien apprins qu’il estoit, ainsi luy respondit : Je n’ay point desrobé l’escu, mais l’ay prins visiblement comme chose publiquement à tous abandonnée, à la descouverte veüe de tous ceux qui l’ont voulu regarder, voire du rieur qui s’est mocqué de ma cheute et puys caché ; je ne say si c’est toy, car si je le savoie, mais bien ? Je ne suis point sacrilege, au moins pas voluntaire, car je ne sceu onques jusques à present que c’est de trophée, ne si c’est chose sacrée