Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/258

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sa mort, cela me donnoit triste signifiance, avec les mauvais augures que j’avoie euz le jour precedent. Mais la grande joye de veoir mon filz Alector tant beau, tant bien né, nourri et apprins, et de tant heureux commencement, cela me faisoit oblier toutes mauvaises conjectures, et mettre arriere toutes doubtes et craintes des infortunes qui me pendoient à l’oeil et qui encore ne sont terminées. Ainsi divisans, retournasmes au palais, où mes gens m’attendoient, qui ne savoient si j’estoie encore reposant au lict, pource que le fin matin au sortir j’avoie fermé ma chambre et estoie yssu sans le sceu de personne, car tous dormoient profondement. Estant donc retourné au palais, après avoir declaré à mes hommes qui et quel estoit Alector, tous le receurent à grande joye et admiration de sa beauté et bonne grace, en luy faisant tresgrande reverence et honneur, voire plus que à moy mesme (comme plusieurs adorent plustost le Soleil levant que le couchant) ; d’ond je n’estoie ne marri, ny envieux, car sa grace et beauté, vertu et honnesteté bien le meritoit. Sur ce, les tables furent couvertes, et disnasmes splendidement. Et entre les autres devis qui furent te-