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Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/331

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diminua beaucoup de sa ferocité, ne pouvant plus de rien nuyre, et tendant seullement à s’eschapper. Tant que le gentil Escuyer luy vint au devant et sans aucune craincte luy enfonça le bras avec l’espée dans la gueulle baillante jusques au coeur transpersé. Le serpent de ce coup se sentant blessé à mort, se roulla, destourdit et renversa en mains tours et retours par angoisse de douleur.

Adonc Alector alaigré, voyant descouvert son ventre blanc qui n’avoit point d’esquailles, luy enfondra l’espée dedans, un pied au dessoubz de la gorge, et poursuyvant sa poincte le fendit jusques à l’ombilic, tellement que, avec le sang, le venin, la sanie et les intestins, sortit du ventre de ce devorateur serpent le corps d’un homme tout descharné, que deux jours devant il avoit englouti, les os seullement restans encore comme en anatomie seche, avec quelques pieces d’habillemens froissez et sanguinolens, à la grand horreur de tous les regardans. Et le serpent, peu paravant terreur de toute une ville, qui tant avoit faict de tours obliques et tortueux, et tant donné de coups de queüe veneneuse et tant mangé de gens, alors vincu, tué et effondré, et contrainct à vuyder ce qu’il avoit devoré, et à telle