Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/333

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telles parolles :

« Ô meutrier Sagittaire qui de ceste flesche traistreusement et de visée à pensée as occise l’innocente Noemie Gratianne, quatriesme des graces, devant leurs dignes statues et entre mes bras, et qui par male conscience de ton forfaict n’oses te declairer, cuydant par occulte dissimulation eviter la juste vengence, je requier le Souverain Dieu JOVA qui en ce temple devant nous est adoré, que le sang de l’innocente que je voy encore en ceste sagette tombe sur toy en cruelle vengence, et que sur ton chef descende ton iniquité, en exemple terrificque de tous traistres, envieux et violateurs d’innocence. »

Cela dict, il darda la fleche en l’air de telle impetuosité et vertu acompaignée (comme il est croyable) de quelque puissance superieure, qu’elle monta d’incroyable legiereté si hault que les assistans qui avoient tous les yeux elevez au Ciel la perdirent de veüe, attendans la cheute plus d’une heure, avec tresgrand esbahissement. Et ne la voyans point retomber, descendirent en l’Arene pour veoir l’horrible corps du serpent gisant sur le sable, tant enorme, hideux et espouvantable (quoy qu’il fust mort) que la plus grand part de la multitude ne s’en osoit