Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/44

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en son chasteau du Chef-verd pour luy faire compaignie et passer le temps par quelques jours avec elle, tandis que mon Seigneur Spathas, son mari, estoit allé à douze journées de là, vers un Caloier, ancien hermite, de vie tresaustere, et homme divin, resident au faist du roch cornu, pour s’enquerir et savoir vers ce sainct homme, sur ordinaires et presque journelles depredations ou occisions, qui continuellement se faisoient en ses terres et bois, de personnes et bestes, ou tuées ou ravies, et perdues irrecouvrablement, sans pouvoir nullement savoir par qui, ne si c’estoit un diable, ou une beste sauvaige, ou un homme, qui telz malefices commist. Car les corps que l’on trouvoit occis estoient attainctz et persez de sagettes appoinctées de veneneuses dens de dragon, ou assommez et accravantez de coups orbes sans playe, ce que donnoit argument qu’ilz avoient esté sagittez ou amassez par main d’homme ; mais quand ce cry de ceux qui estoient raviz l’on suyvoit, il ne se trovoit trace que de pas de cheval, si tost esvanouy dans l’espesseur des bois que ceux qui poursuyvoient les raviz se trouvoient eux mesmes perdus. Et pource estoit allé mon Seigneur Spathas vers ce de-