Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/71

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tres, tellement que à force de larmes il se lava de telle suspicion. Le Potentat, voyant que autre chose ne s’en trouvoit, estoit allé, avant que donner permission de l’ensevelir, veoir en personne le corps de la belle, gisant devant le perron des trois graces, de telle grace (encore que morte) qu’elle sembloit doucement dormir, plus blanche que ses blancz habitz purpurisez en son sang. D’ond luy mesme, homme tressevere, se sentit esmeu jusque aux larmes, et demanda la flesche meurtriere luy estre baillée ; laquelle après l’avoir consyderée, la leva hault, demandant s’il y avoit personne qui la recogneust. Mais nul ne dist mot. Adonc, elevant les yeulx, regarda les trois Charites d’Albastre et vit que de leurs yeulx de pierre decouloient larmes en abondance, comme deplorantes leur quatriesme soeur. Ce que il monstra à tout le peuple, qui de tel miracle fondit tout en larmes, criant vengence. Et en ces entrefaictes, Dioclès advisa entre les mains de deux Charites un bien petit brevet roullé, lequel il print secretement sans que nul s’en apperceust, et après l’avoir leu le serra en sa main avec la flesche et se retira en son logis, donnant con-