Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/75

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en main et l’escu d’azur au Soleil d’or en parement. La beste, entendant le bruyt de fer sonnant (car Franc-Gal estoit armé) et la grande clameur qu’il feist en s’escryant, se retourna fierement contre luy et luy jecta ses grandz gryphes sur l’escu mis au devant, de telle force qu’elle luy arracha. Mais Franc-Gal, puissant comme un geant, luy donna au travers des costes un si grand coup d’espée qu’il luy tailla le corps en deux pars ; d’ond la beste mourant jecta un horrible rugissement, auquel deux lyonceaux, si jeunes que à pene povoient ilz encore cheminer, sortirent de la ruineuse caverne, en rugissant après leur mere. Franc-Gal les voyant va dire que de male beste ne fault laisser nul faon. Et pource les alla tous deux tuer, et pour terreur des autres, à la mode d’Aphrique, les pendit à l’arbre par les queües, avec les deux moytiez du corps de leur mere, au grand esbahissement de l’Archier, qui s’estoit relevé quasi tout transi de la paour qu’il avoit eüe soubz les pattes de la beste, et grandement esmerveillé du si prompt, soubdain et non esperé secours et de la vaillance de ce beau vieillard. D’ond il le remercia tresgrandement, bien cognoissant que c’estoit cel-