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capables d’une chose si épouvantable ; mais la femme chez qui ils avaient fait la débauche étant venue trouver M. Colbert le lendemain, sous prétexte de lui présenter un placet, lui dit que, s’il ne lui faisait justice de son fils le chevalier, qui était fourré des plus avant, elle allait se jeter aux pieds du Roi et lui apprendre que ceux-là qui avaient servi de bourreaux à la fille étaient les mêmes qui avaient arraché le crucifix ; elle ajouta qu’elle les avait suivis à la piste, dans le dessein de les faire arrêter par le guet, mais que malheureusement il s’était déjà retiré.

M. Colbert n’eut pas de peine à croire cela de son fils[1], qui lui avait déjà fait

  1. C’était le troisième fils de Jean-Baptiste Colbert et de Marie Charron. Il faisait partie, avec Biran, d’une bande de jeunes débauchés, terreur des filles de joie. Dans La France galante ou Histoires amoureuses de la Cour, Bussy Rabutin conte un autre exploit de ces débauchés : « Ils firent en ce temps-là une débauche qui alla un peu trop loin et qui fit beaucoup de bruit et à la Cour et dans la ville ; car, après avoir passé toute la journée chez des courtisanes où ils avaient fait mille désordres, ils furent souper aux Cuillers, dans la rue aux Ours. Ils se prirent là de