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XV


Les premières amours sont des essais d’amour,
Ce sont les feux légers, les passagères fêtes
De cœurs encor confus et d’âmes imparfaites,
Où commence à frémir un éveil vague et court.

Pour connaître l’amour suprême et sans retour,
Il faut des cœurs surgis de leurs propres défaites,
Et dont les longs efforts et les peines secrètes
Ont, par coups douloureux, arrêté le contour.

Il n’est d’amour réel que d’âmes achevées,
D’âmes dont le destin a fini la sculpture,
Et qui, s’étant enfin l’une l’autre trouvées,

Se connaissant alors dans leur pleine stature,
Echangent gravement une tendresse sûre,
Et des forces d’aimer par degrés éprouvées.