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VIII
Le brouillard s’épaissit sur la mer douce et molle,
Les flots semblent d’étain fondu tant ils sont lourds ;
Agrandi d’une épaisse et rougeâtre auréole,
Descend un soleil morne, éteint et sans contours ;
L’énorme goëland qui sur nos têtes vole
Et dont soudain les cris se font lointains et sourds,
Se dissipe et se perd à l’instant qu’il nous frôle,
Et l’œil ne peut fermer ses cercles, lents et courts ;
Pourtant j’écoute encor l’air frémir sous sa plume !
Sans qu’on discerne rien qu’un fantôme, on entend,
Coupés d’un bruit de fer sur les crans tressautant,
Et pareil à celui de marteaux sur l’enclume,
Les chants des matelots tournant le cabestan
Sur un bateau pêcheur suspendu dans la brume.