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XIV


Sans doute notre amour ne vainc pas le destin,
Nous demeurons soumis à toute la souffrance
Où l’homme va buttant de son pas incertain ;
Le Malheur ne connaît ni faveur ni clémence.

Et nous savons aussi, qu’un jour, proche ou lointain,
Fera de cet amour une âpre souvenance,
Dont l’un de nous vivra dans son chagrin hautain ;
Le Trépas ne connaît ni faveur ni clémence.

Mais nous aurons du moins fait face à la douleur
Avec des cœurs plus forts du nœud qui les rassemble ;
Nous aurons quelquefois eu des fêtes de cœur,

Beaux éclairs où le ciel un instant luit et tremble ;
Et nous aurons tenté, ma bien-aimée, ensemble
Un essai courageux et noble de bonheur.