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XX


 
Une tempête souffle, et sur l’immense plage
S’appesantit un ciel presque noir et cruel,
Où s’obstine le vol grisâtre d’un pétrel,
Qui le rend plus funèbre encore et plus sauvage ;

Un tourbillon de sable éperdu se propage
Vers un horizon blême où tout semble irréel ;
Il traîne sur la dune un lamentable appel
Fait du courroux des vents et de cris de naufrage ;

Les joncs verts frissonnants sont pâles dans la brume ;
Sous le morne brouillard qui roule sur la mer,
Bondit, hurle et s’écroule un tumulte d’écume ;

Et dans ce vaste deuil qu’étreint ce ciel de fer,
Nous sentons dans nos cœurs l’indicible amertume
De nos baisers d’adieu flagellés par l’hiver.