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V


3

 
Et si je t’en parlais dans un jour de délire,
Toi qui remplis ton haut office maternel
Si noblement, qui sais quel devoir éternel
C’est de se faire aimer afin de mieux instruire,

Toi qui, par le pouvoir de ton grave sourire
Conduis ces jeunes cœurs, d’un progrès graduel,
Vers le respect sévère et presque solennel
De l’animal qu’on bat, du rameau qu’on déchire ;

Toi qui dans leur gaîté déposes, chaque jour,
En lumineux propos, des germes de bonté
Qui grandissant en eux te paient en plus d’amour ;

Si, dans un bref instant d’oubli, je m’égarais
Jusqu’à montrer ce ciel à ton sort attristé,
De quel ferme regard tu me regarderais !