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VIIII


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Aimée, ô bien-aimée, ineffablement chère,
Par l’étoile qui tremble au fronton du ciel bleu,
Et ces flots imposants émus d’un dernier feu,
Je dis qu’à ton devoir tu ne peux pas forfaire.

Malgré notre terreur d’en entendre l’aveu,
L’arrêt impérieux que nous voudrions taire
Chacun de nous au fond de son cœur le profère,
Nous sommes condamnés à l’éternel adieu.

Hélas ! pardonne-moi de l’avoir prononcé
Ce mot d’affliction, ce mot affreux, qui touche,
Ainsi qu’un fer rougi, notre amour menacé !

J’en voulais épargner l’amertume à ta bouche,
Et j’ai contraint la mienne, en un effort farouche,
A goûter la première au calice versé !