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XVI


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Je ne vous reverrai peut-être plus jamais !
Pour de lents jours sans fin, des semaines, des mois,
Pour toujours, je vous perds, ô doux yeux que j’aimais,
Et qui m’étiez plus chers encore que sa voix.

Depuis que vous m’aviez dit son cœur, que de fois,
Quand par les vastes cieux de nuages semés
Vous erriez, ou parmi les ramures des bois,
Les miens vous ont suivis, doux yeux accoutumés !

Et que de fois aussi je vous ai contemplés,
Quand vous fixiez sur moi votre tendresse triste,
Tantôt du bleu naïf des bleuets dans les blés,

Et tantôt assombris et tels que l’améthyste,
Lorsque, dans vos regards tranquillement troublés,
Quelque penser d’adieu passait à l’improviste.