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VII


 
Le grand cerf pourchassé dans les plaines de neige
Fuit, bondit par élans désespérés, laissant
Sur l’immense blancheur les taches de son sang,
Que suivent les limiers dont la clameur l’assiège.

Haletant, il débouche, après un long manège
Sur un fleuve gelé, où son sabot glissant
Ne peut mordre et trahit chaque bond impuissant ;
Sur ce champ sans obstacle il est pris comme au piège.

Il entend approcher les aboiements des chiens,
Il meurtrit ses genoux, se relève, retombe,
Et voici que la meute accourt comme une trombe.

Il revoit ses amours sous les chênes anciens,
Il sent les premiers crocs s’enfoncer dans ses chairs,
Et meurt, les yeux levés vers les deux froids et clairs.