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IX


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Éternelle nature aux aspects infinis,
Nos cœurs trouvent un miel fait de lis ou d’absinthe
Dans les spectacles doux ou tragiques, fournis
Par ton mélange obscur d’allégresse et de plainte !

Où sont les jours heureux où, dans ta vaste enceinte,
Je n’entendais partout que la chanson des nids ?
Une incommensurable et divine hyacinthe
Fleurissait dans les cieux sans cesse rajeunis ;

Partout où se posaient mes yeux, j’apercevais
Des rayons plus légers que ceux que je rêvais
Se jouer dans la brise en remuant des roses ;

Les êtres bondissaient dans la force et la joie ;
Je voyais seulement les fils d’or et de soie
Dans la trame profonde et diverse des choses.