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XIV


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O jour par qui j’aurai vécu digne d’envie,
Ton souvenir en moi brille comme un vitrail,
Et met, dans la nef sombre et grave de ma vie,
Une fleur d’améthyste et d’éclatant corail !

Lorsqu’aux moments chargés d’ennui, las de travail,
La pente de chaque heure est lourdement gravie,
Je me tourne vers toi, ô lumineux portail,
O seuil du ciel rêvé par mon âme ravie !

Et comme un pèlerin qu’attend un long sentier
A travers les plateaux balayés par la bise,
Pour reprendre courage entre dans une église,

El regarde, à genoux auprès du bénitier.
Les visages divins qui luisent dans le chœur,
Ainsi, doux Souvenir, j’adore ta douceur.