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XVI


 
Mon cœur était un marbre en une ronceraie,
Dans un sentier banal aux yeux de tous placé,
Où le hasard sans cesse écrivait à la craie
Quelque nom par la pluie aussitôt effacé.

Mais l’Amour, arrachant les ronces et l’ivraie,
Les jeta dans les airs d’un geste courroucé,
Et sculpta lentement, d’une main ferme et vraie
Jn nom profondément et pour toujours fixé.

Puis il mit tout autour un grillage de fer,
Aux quatre coins duquel il dressa des statues
Au corps de marbre blanc, mais d’airain revêtues :

Ce sont le Souvenir, l’Espoir, le Pardon fier,
Le Dévoûment, debout comme des sentinelles
Gardant contre le Temps des choses éternelles.