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XXIV


 
Le parc noircit ; au bout de l’immense avenue
Expire dans le ciel la dernière jonquille ;
La source qui jaillit de son urne moussue
Brille encor, mais les fleurs rentrent dans la charmille.

Une poussière d’or dans l’étang s’éparpille ;
Sur le bord indécis se tient une statue,
Une nymphe timide et blanche, à demi-nue,
Car jusqu’à sa ceinture un rosier s’entortille ;

On dirait qu’elle attend que les ombres soient closes
Pour laisser à ses pieds tremblants couler sa robe
Dont elle tient encor les plis brodés de roses,

Abu de n’avancer jusqu’aux eaux merveilleuses
Qu’à l’instant où la nuit sûrement la dérobe
Aux regards des Sylvains guettant sous les yeuses.