Page:Angellier - À l’amie perdue, 1920.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XXX


1

Orgueilleuse ! tu veux pour toi-même être aimée ;
Tu repousses, dis-tu, la pitié de l’Amour,
Tu la ressentirais comme un bienfait trop lourd
Qui blesserait ton âme aussitôt refermée ;

Ta hautaine fierté, promptement alarmée,
Veut l’amour qui chérit, non celui qui secourt ;
Et craint de recevoir sans donner en retour,
Dans régale union par ton cœur réclamée.

Pourtant, c’est la Pitié qui vers toi m’a conduit ;
Plus tôt que ta beauté j’ai senti ta tristesse,
Et ma compassion précéda ma tendresse ;

Je te plaignis d’abord, je fus plus tard séduit.
Et je vis que tes yeux étaient pleins de douleur
Avant d’apercevoir leur charme et leur douceur.