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XXXII


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Oui ! la Pitié vers toi m’a conduit ! Nous marchâmes
Dans la nuit où tremblait une lueur cendrée
De la poudre d’argent des astres saupoudrée,
Dans la nuit où traînaient des parfums de dictames.

Et le temps me parut très court. Lorsque des lames
De nacre et de cristal brillèrent à l’orée
Du ciel, puis la lueur de rose colorée,
La Pitié me fit signe et nous nous arrêtâmes.

Je te vis devant moi dans un chaste décor
De grands lis ; des rosiers verdissaient alentour ;
Et quand, me détournant, je voulus voir encor

La Pitié, j’aperçus à sa place l’Amour.
Et voilà que les cieux étaient ruisselants d’or,
Et que c’était partout le triomphe du jour !