Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XXXIX
1
Le hibou dit : « Je suis très vieux ; quand autrefois
J’arrivai, je trouvai dans ces lieux une enclume ;
Je la frappe du bec quand le soleil s’allume,
L’enclume est maintenant de la grosseur des noix. »
Le cerf dit : « Quand je vins ici, d’immenses bois
S’étendaient ; tous les ans, arrive dans la brume
Un bûcheron voûté ; pour que son âtre fume,
Il coupe un seul rameau, puis s’éloigne ; tu vois
Qu’un seul arbre aux oiseaux offre un dernier ombrage. »
Et l’aigle orgueilleux dit : « J’ai vu, tant j’ai grand âge,
De hauts monts s’écrouler, usés par des ruisseaux. »
Et la mer dit : « Mes flots ont battu ce rivage
Si longtemps que leur sel s’entasse par monceaux ;
Et sans l’épuiser l’homme en charge ses vaisseaux ! »