Page:Angellier - À l’amie perdue, 1920.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VII


Oui ! ce pays est beau, de soleil surchargé :
Une lumière riche et triomphante y brûle,
Dès que l’argent de l’aube au bord des flots ondule,
Jusqu’au soir brusquement dans la nuit submergé.

Et cependant mon cœur, de regrets affligé,
Lassé d’azur, soupire après le crépuscule
Où le jour lentement au fond du ciel recule,
Comme un espoir pâli qui meurt découragé.

O la mélancolie immense de nos plaines.
Quand de grises vapeurs flottent sur les saulaies,
Que de pourpres clartés, tristes et incertaines,

Trament sur les étangs parmi les oseraies,
Et qu’entre des toits bas et des meules lointaines
Le mince croissant d’or se lève au ras des haies.