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IV


Ton visage est plus pâle et ton regard est triste ;
Un long séjour parmi les murs noirs des cités
Sur lesquels un ciel gris et consterné persiste,
Si bas qu’il se déchire aux beffrois écrêtés,

Des jours que la douleur semblait suivre à la piste,
Ont fait pencher ton front, toujours plein de clartés,
Sur ta main amaigrie où flotte une améthyste ;
Un bleu moins doux reluit dans tes yeux tourmentés.

Viens vers les clairs sommets et les neiges divines,
Viens où le ciel est haut, l’air pur, l’espace libre,
Où le vent des glaciers, qui guérit les poitrines,

Dans l’atmosphère sèche et cristalline vibre,
Viens retrouver l’azur limpide de tes yeux
Dans le cœur bienfaisant des monts majestueux !