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XIII


Le grimpeur est debout sur la plus haute cime
Tout frémissant d’orgueil et de périls bravés ;
Il a posé le pied, par un effort sublime,
Sur le suprême roc des blancs sommets rêvés.

Mais bientôt l’âpre horreur de ce gouffre l’opprime,
Il voit s’enfuir sous lui la pente des névés,
Du mont qu’il a soumis il a fait un abîme,
Ses regards sont baissés au lieu d’être levés.

Il ne voit plus alors la crête fière et fine,
La vierge pure aux plis de neige immaculée.
Qui dormait dans son ciel de clarté cristalline.

Il ne la reverra que de l’humble vallée
Où le sentier commun des pas humains chemine,
À son abaissement de nouveau révélée.