Cependant il est beau d’être jeune et de croire
Qu’on donne un cœur entier à son unique amour,
C’est la lampe d’albâtre où plus tard la mémoire
Cherche une lueur chère à la chute du jour ;
Et lorsque les vieillards, pour qui chaque heure est brève,
Dans le miroir brisé du temps qu’ils ont vécu,
Regardent, ils y voient flotter encor ce rêve,
Qu’ils n’ont pas su garder mais sont fiers d’avoir eu.
Femme, qui donc es-tu ? Tu parles comme un sage
Qui, vers le terme obscur du voyage arrivé,
À ses disciples dit, en mourant, le message
Du désenchantement d’un destin achevé.
Tu m’as fait frissonner ! Tu ferais douter même
Du culte et du désir par toi-même inspirés ;
Quel plaisir ressens-tu de détruire en qui t’aime
Un rêve sans espoir et des regrets sacrés ?