Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/94

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Avec quelque plaisir qui ne s’épuise pas,
Et qu’à l’heure où les jours, disparaissant et las,
Ôtent à tout objet sa vie avec la leur,
Tu trouves un regret qui n’est pas sans douceur,
À le voir s’obscurcir et mourir sous tes yeux,
Je ne veux pas pour lui de destin plus fameux !


Quoique né dans ton âme et sorti de ta voix,
Il sera tien, bien plus encor que tu ne crois.
Si tu veux qu’il recueille, en lui-même arrêté,
Ce rêve, beau d’avoir dans ton sein palpité,
Et que son propre éclat sera de réfléchir,
À lui prêter encore, il te faut consentir !
Afin qu’il soit haut, chaste et fier et tendre et doux,
À l’épouse inclinée au-dessus de l’époux,
Permets-moi de donner ton front tranquille et pur,
Tes cheveux dont la teinte est celle du blé mûr
Et semble appareillée au bienfait des moissons,
Tes yeux d’un bleu limpide où des regards profonds
En un plus sombre azur paraissent s’assembler,
Ton sourire apaisé qui saurait consoler
Si celui qui le voit peut n’être pas heureux,
Le contour de ton corps qui, passant sur les cieux,