Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/120

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Au bûcher toujours prêt ils mettront la flammèche,
Les pourpres de la guerre éclateront encor !
Hélas, si ce pays, se divise ou s’endort,
S’il n’a pas ramassé, pour pouvoir le détendre
Au juste instant, le coup qui devra le défendre,
Il entendra le pas des vainqueurs, à son tour,
Et le poids de leur main sur son front sera lourd.
Ainsi du père au fils doit se passer l’épée !
Ainsi la guerre suit, de paix entrecoupée,
Son tragique travail ; et dans son van d’airain,
À des souffles de feu vannant le genre humain,
Choisit, pour dominer, la race forte et brave,
Et la race où l’effort s’éteint, pour être esclave !
Ô mes fils, mes deux fils, quel futur vous attend ?
De gloire ou de revers ? Quelqu’il soit, cependant,
L’enclume du devoir et de viriles flammes,
Pour l’un ou l’autre sort, forgeront vos deux âmes,
Et, confiant en vous, je sais qui vous serez !
Mais que sera le cœur du Temps où vous vivrez ?

Quel azur admirable en ces monts vient s’épandre,
Plus profond à leurs pieds, à leur sommet plus tendre !
Qu’ils semblent pleins de paix et de recueillements !
Mais des vols de vautours sur des tas d’ossements