Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/134

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Et c’est cela, vieillard, qui s’appelle la vie !
Souvent cette obsédante angoisse me convie
À des pensers pareils à ceux que tu nourris.
Bien qu’ils soient écartés, ainsi que des proscrits,
Du rêve que tu dis être aux tiens nécessaire.
Ils vivent cependant, sans qu’aucun d’eux espère.
Mais ils prennent ailleurs leur force et leur soutien ;
Ils grandissent formés et drus d’un autre vin
Que le vin décevant dont ton calice est vide ;
Le leur est plus amer, mais leur âme intrépide
Se plaît à savourer son austère saveur.
Avec eux et par eux, sans faiblesse et sans peur,
On peut vivre en jugeant les Dieux qui nous font vivre !


Le Vieillard.

J’ose à peine et voudrais te prier de poursuivre,
Bien que le clair soleil doive bientôt baisser,
Puisque voici déjà qu’il commence à percer
De mille lances d’or ce noir bosquet d’yeuses.


Le Guerrier.

Oui ! ses regards divins rendent plus glorieuses