Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/76

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Inconnus, sont pareils aux sables de la mer ;
Ils ont des cœurs de fauve en des muscles de fer,
Et, dans leur être entier, des profondeurs sauvages.
Pour remplir cet abîme, il faut un long cours d’âges,
Autant qu’il en fallut pour qu’aujourd’hui les blés
Croissent sur d’anciens lacs par les torrents comblés !
Regarde s’agiter leurs insondables foules ;
Que peut faire, perdu et battu sur ces houles,
Ton frêle esquif avec son rameau d’olivier ?
Le moindre de ces flots suffit à le broyer !


Je veux que, lentement, le cercle de sagesse
Dont ton bras étendu touche les bords, progresse,
Embrasse plus d’humains dans sa calme clarté,
Et, toujours grandissant et jamais arrêté,
S’élargisse sanss fin comme les plis d’une onde ;
Quand aura-t-il atteint les limites du monde ?
Jusqu’à ces temps lointains, vieillard, ne vois-tu pas
Qu’il ne peut avancer que bordé de combats,
En poussant devant lui des écumes sanglantes ?
Un immense contour de bivouacs et de tentes,
Dans lequel le devoir vit avec le danger,
Doit élargir d’abord, et plus tard protéger