Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/93

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Le Guerrier.

Écoute encor ceci, vieillard : la Barbarie
Commence autour de nous où commence l’envie !
Partout où le sol est plus riche, où quelque port
Est la clef d’une mer, où des monts emplis d’or
Promettent la richesse à qui tiendra leurs mines,
Où les vignes parant les pentes des collines
Versent dans les celliers un flot pourpre ou vermeil.
Alors que le vin manque aux versants sans soleil,
Sous des masques divers reparaît le Barbare.
Le prétexte est bientôt forgé pour qu’il s’empare
Des champs, de l’estuaire, ou des monts, ou des vins.
Tu lèveras au ciel des bras chétifs et vains,
S’ils ne montrent aux Dieux qu’ils tiennent, l’un le glaive,
L’autre le bouclier. Et sans cesse ton rêve,
Entre la servitude et la guerre écrasé,
Se débat, se meurtrit et retombe épuisé.
Être un peuple qui lutte, une race qui tremble,
Il faut choisir, vieillard, et pour longtemps ! Il semble
Que le destin de l’homme est de porter du fer,
Il faut, selon qu’il a le cœur servile ou fier,
Qu’il le porte en guerrier, ou le porte en esclave ! 
Et cette oppression, l’ignores-tu ? déprave