Page:Angellier - Dans la lumière antique, Les Épisodes, p1, 1908.djvu/17

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LA TRISTESSE DE L’AURORE.
Mortalibus œgris.

Les poètes ont dit que l’Aurore est joyeuse,
Lorsque, tenant le jour dans sa main lumineuse,
Elle le donne aux cieux du clair geste éternel
D’où naissent le froment, les fleurs, les fruits, le miel.
L’Aurore n’est pas telle ; elle est pensive et grave :
Quand, sous la ténébreuse et massive architrave
Qui soutient le fronton étoilé de la nuit,
Sous le portique noir au fond duquel reluit
Le reflet rose et gris de sa robe céleste,
Elle s’est avancée à pas lents, elle reste
Tout attristée au bord de ce parvis obscur
Où naît l’ascension immense de l’azur.



Aussitôt que jaillit, des ombres déchirées,
La lumière, elle sait que les races navrées