Page:Angellier - Dans la lumière antique, Les Épisodes, p1, 1908.djvu/26

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Mon front sera voilé d’herbe depuis longtemps.
Mais, après de nombreux étés et des printemps,
Lorsqu’ayant, par degrés, pris sa taille et sa force,
Ayant durci son tronc, épaissi son écorce,
Enfoncé sa racine entre les rocs fendus,
Et pris plus de ciel bleu dans ses rameaux tordus,
Il montrera, parmi son grisâtre feuillage,
Ses fruits lisses et verts, ô vous à qui votre âge
Laisse vers l’avenir un long espace ouvert,
Vous lèverez vos bras vers ce présent offert.
Vous souvenant alors que j’ai planté cet arbre,
En lui creusant ce trou dans ce terrain de marbre,
Afin qu’à d’autres mains il donne ses moissons,
Portez sur mon tombeau recouvert de buissons
Broutés depuis longtemps par les chèvres lascives,
La branche où mûriront les premières olives.