Page:Angellier - Dans la lumière antique, Les Épisodes, p1, 1908.djvu/53

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On sait qu’il a jadis guidé des assemblées,
Où son savoir parlait dans un verbe puissant,
Et qu’il eût la fortune, en des heures troublées,
De sauver son pays d’un péril menaçant.


Mais on dit que, plus tard, la multitude ingrate,
Dont l’âme sans honneur a toujours préféré
Au sage qui la sert l’imposteur qui la flatte,
Avait jeté l’outrage à son nom dénigré.


Il ne parle jamais des sommets de sa vie,
Il montre seulement un mépris irrité
Pour les cités sans ordre, où le pouvoir dévie
Entre le despotisme et la servilité.


On dit aussi qu’il a chéri dans la souffrance,
Et nourri des regrets qui l’ont fait vivre seul ;
Mais sa lèvre vivante a le même silence
Que celui qu’elle aura sous les plis du linceul.


Il semble, en arrivant dans sa pauvre retraite,
Avoir fermé sur tout les portes du passé,
Et n’avoir apporté qu’une dme satisfaite
De vivre dans l’oubli de ce qu’elle a laissé.