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Aussi profonde et aussi mécliante que le démon ! Un des Douglas vit dans la page immortelle de Home *,

Mais les Douglas ont été des héros h toutes les époques

Si, comme vous l'avez fait généreusement, si toute la contrée

Prenait les serviteurs des Muses par la main,

Non-seulemont les écoutait, mais les patronait, les acciieillail —

Si tout le pays faisait cela, je m'en porte caution.

Vous auriez bientôt des poètes de la patrie écossaise,

Qui feraient sonner à la Renommée sa trompette jusqu'à la craquer,

Et lutteraient contre le Temps et le mettraient sur le dos 2.

Entre les deux, directions, l'une tragique, l'autre comique, qu'il indique dans ce prologue, Burus paraît avoir hésité. Il fut quelque temps attiré vers le drame national et historique. Il avait, du premier coup, choisi quelques-uns des plus beaux sujets que l'histoire puisse fournir. Il y a un drame héroïque dans la vie de William Wallace, depuis le moment oii sa femme est mise à mort par les Anglais pour l'avoir fait évader, depuis ses premières tentatives de vengeance et de lutte, jusqu'à sa fameuse victoire du pont de Stirling ; sa défaite, sa disparition mystérieuse, son retour, sa capture, son voyage à Londres à travers un grand concours de peuple, son jugement, et la sentence horrible portant qu'il aurait les entrailles arrachées et que sa tête serait fichée sur le pont de Londres et ses membres dispersés entre quatre villes^. Quel drame historique plus riche en événements et en scènes de tous genres que la vie de Robert Bruce?* De sang royal, retenu à la cour d'Edouard I* qui le craint, il reçoit un jour une bourse d'argent et une paire d'éperons. Il comprend l'avertissement ; il s'éloigne le même soir, après avoir ferré ses chevaux à l'envers pour dépister ses ennemis. Arrivé en Ecosse, il a une entrevue dans un cloître avec son compétiteur Comyns , lui offre de défendre ensemble la liberté du pays, et, sur son refus, le tue d'un coup de dague. Il est couronné roi d'Ecosse. Mais c'est un roi sans royaume. Alors commence une vie de périls, de fuites, de combats, d'embûches, où sa force prodigieuse et son sang-froid le sauvent à chaque instant. Déguisé en montagnard, traqué par des dogues, errant dans les montagnes et sur les bords des lacs, couchant dans les rochers, vivant de pêches et de

1 Allusion à la tragédie de Douglas.

2 Scots Prologue for .W Sutherland, on 1m benepl-night^ at Ihe iheater, Dumfries.

3 Sur la vie légendaire de Wallace, voir le poème de Henry l'Aveugle ou Henry le Ménestrel. — Pour l'histoire, lire le chapitre vu, the Story of Sir William Wallace, dans les Taies of a &rand Falher, de "Walter Scott, — le chapitre 11 du tom I de ihe Histori/ of Scotland de Ty^r, p. 48-82, — les chapitres xx, xxi, xxii, de Hill Burton. — Voir aussi une vie populaire, Wallace, the hero of Scolland, par James Paterson. C'est une lecture intéressante et assez nourrie de citations.

i On trouvera les aventures de Robert Bruce dans le poème de John liarbour, — dans les chapitres vni, IX, x, xi des Taies of a Grand Falher de ^Valter Scott, — dans les chapitres m et iv du tom I de l'histoirs de Tytler, — dans les chapitres xxn, xxni et XXIV de Hill Burton.