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îl avait peu à peu conquis la richesse , la réputation , d'honorables amitiés. Il, se fit bâtir, à l'ombre du château d'Edimbourg, une petite maison, avec une des plus belles vues qu'il y ait en Europe. 11 y passa les dernières années d'une vie paisible, laborieuse, et qui n'avait jamais dévié de la ligne droite vers un but utile. Il y mourut en 1757 dans sa soixante- treizième année.

Le grand service que Ramsay a rendu à la littérature de son pays est d'avoir été véritablement un poète écossais pour les sujets et le langage. « Un écossais de ce temps , dit lord Woodhouselee , parlait écossais et écrivait anglais. Ramsay eut le mérite de transporter le langage oral dans le style écrit ^ . » tette remarque n'est qu'à moitié vraie, car tous les poèmes que nous venons de parcourir sont écrits en langue vulgaire. Ce qui est vrai, c'est que, là où il n'y avait eu que des tentatives, Ramsay a laissé un monument. Son mérite est d'avoir fait le même travail, avec une étendue et un talent qui ont assuré à ses œuvres une place dans l'histoire de la poésie, et donné, au dialecte dans lequel elles sont écrites, la dignité d'un langage littéraire. Ses prédécesseurs n'avaient été que des amateurs; il a été un véritable homme de lettres; il en a eu la continuité d'ambi- tion, l'application dans l'effort, la vue claire du but. Il est en cela beau- coup plus littérateur que Fergussou et Burns, qui sont venus après lui. Son œuvre est plus consciente et plus voulue que la leur ; elle est aussi moins personnelle et moins éloquente. Il a montré qu'on pouvait être un véri- table écrivain en écossais, et que la langue de tout le monde, appliquée jusque-là à des boutades et à des caricatures, pouvait être employée pour des fins plus élevées. Son exemple a éveillé déjeunes ambitions. Et il ne faut pas oublier qu'il a donné à la littérature éparse qui l'avait devancé, de la cohésion et un point d'appui. Comme il arrive qu'un peintre supérieur communique de la valeur à ceux qui l'ont préparé, parce qu'il prête un sens et une direction à leurs tâtonnements, et fournit le point de vue qui les coordonne, en même temps que l'intérêt qu'il y a à les coordonner, Ramsay, en tirant des ébauches de ceux d'avant lui les éléments d'une œuvre, leur a rendu en importance ce qu'ils lui avaient fourni d'aide, et en les rattachant à lui, les a relevés.

Il a complété ce service de vivifier la littérature nationale en attirant l'attention sur les fragments d'anciennes poésies, chansons ou ballades, qui flottaient au hasard des récitations par tout le pays, ou dormaient dans des manuscrits. Il publia en 1724 le premier volume du Tea-TaUe Miscellauy, un recueil de chansons anglaises et écossaises qu'il dédiait :

A toutes les aimables filles de la Grande-Bretagne, Depuis les ladies Charlotte, Anne et Jeanne, Jusqu'aux jolies et joyeuses Bess, Qui dansent, nu pieds, sur l'herbe.

^ livincirks on the Writings of Allan Ramsay, p. xlvi, dans l'édition d"Alex. Gardner.