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boiii\2:, afin qu'il y apprit le métier, alors florissant, de perruquier. Le pauvre apprenti, désormais seul au monde, dut se tirer de la vie du mieux qu'il le put. Il n'avait personne pour l'aider, mais il était déterminé à faire son chemin, et doucement, lentement mais sûrement, il ne cessa de s'élever. Par la persévérance dans l'effort, la prudence et le sens pra- tique, sa vie fait un contraste avec celle de Burns. Il apprit tranquillement son métier. Son humeur joviale, son esprit, lui donnèrent l'entrée de ces clubs qui étaient alors une des formes de la vie intellectuelle d'Edim- burgh. C'est là qu'il composa ses premières pièces : c'était sa contribution aux plaisirs de la soirée. Peu à peu sa réputation se répandit. Il com- mença à publier des poèmes de circonstances, sur des feuilles volantes. Les braves gens d'Edimbourg envoyaient leurs enfants avec un penny acheter « le dernier morceau de Ramsay » ' . Son ambition et ses efforts grandirent. En 1716, il publia sa continuation du poème de A Christ's Mrk sur le pré. Vers la même époque, continuant, sans jamais reculer d'un pas, sa marche ascendante dans la vie, il abandonna son état de perruquier et s'établit libraire, dans une petite boutique, qui avait pour enseigne une grossière statue de Mercure ^. Tout en menant son nouveau métier, il continua à écrire des poésies de toute espèce: chansons, épîtres, élégies, pastorales, et il publia ses recueils de vieilles poésies. En 1725, il donna son chef-d'œuvre, la pastorale du iVb(5/e ^^n/^r 3. Ses affaires prospérant, il alla s'établir dans une autre boutique dont il décora la façade des bustes de Ben Jonson et de Drummond de Hawthornden. Il y ouvrait — car il était homme d'initiative — la première librairie circu- lante établie en Ecosse. Il s'est représenté, lui-même, comme :

Un petit homme qui aime ses aises,

Et n'a jamais pu souffrir longtemps les passions

Qui se proposaient de lui jouer de mauvais tours i.

Sa gaîté, son enjouement, sa facilité de mœurs et l'honnêteté souriante de sa vie firent de lui un des premiers qui luttèrent contre l'esprit morose et sombre du temps. Non seulement il le fit dans sa poésie, mais son activité d'homme d'affaires le poussa dans toutes les entreprises qui pouvaient contribuer à égayer et à éclairer l'esprit de ses concitoyens. Il osa encourager les représentations théâtrales, alors frappées de réproba- tion. Il alla jusqu'à faire construire, à ses frais, en 1736, une salle de spectacles, qui fut presque aussitôt fermée par les magistrats de la cité. Il y perdit beaucoup d'argent. Ce fut sa seule entreprise malheureuse.

1 Notice dans le Diographical Dirlionary of Eminent Seotsmen.

2 Voir dans les Réminiscences of old EdinhuiQh de Daniel Wilson, le chapitre vn du tom 1 : at the sign of the Mercury.

•^ « Il emprunta probablement ce titre au Gcntle Shepheard de la xn" Eglogue du Shepheard's Calendar de Spenser n (Hamsay's Life, p. xxvii). 4 The Life of Ramsay, p. xxxix.