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conseils moraux et pratiques. L'ancien clergé étroit, intolérant, et souvent ignorant , les regardait avec défiance , gardant jalousement son ancienne rigidité et sa prédication purement doctrinale. Peu à peu, il se forma dans l'église deux partis opposés et bientôt ennemis : les jeunes et les vieux, les modérés et les extrêmes. On désigna l'ancien parti sous le nom de Old Light « l'Ancienne Lumière » et le nouveau sous celui àt Neiv Light, « la Nouvelle Lumière ». Bientôt, dans les paroisses, dans les presbytères et jusqu'à l'Assemblée Générale, les deux partis furent aux prises, avec ce qu'un membre du clergé d'alors appelle lui-même une acrimonie théologique.

Cette hostilité, qui existait un peu partout, était particulièrement vive dans le district oîi résidait Burns, parce que les provinces de l'ouest avaient toujours été la citadelle du presbytérianisme te plus rigide, et qu'en même temps, elles fournissaient la plupart des étudiants de l'Uni- versité de Glasgow, à cause du voisinage ^. Il en résulta que les deux extrêmes furent en présence et que la lutte était là d'une animosité plus violente qu'ailleurs. Il était difficile qu'elle n'outrepassât point les limites. Autour de la Nouvelle Lumière, se rangeaient des hommes jeunes et ardents, et ils avaient devant eux des adversaires qui devaient les amener aux extrémités de la raillerie, tant ils étaient ridicules, et, par certains côtés, odieux. Lockhart a tracé de ce clergé retardataire un tableau qu'il convient de reproduire, tant on craindrait d'être accusé d'exagération si on lui en substituait un qui n'eût pas l'autorité de sa parfaite connaissance des choses écossaises, et la garantie de son impartialité. « Les antagonistes marquants de ces hommes (les jeunes) et les champions choisis de la Old Light, en Ayrshire — cela est mainte- nant admis par tout le monde — présentaient, en bien des points de leur conduite ou de leurs maximes, une cible aussi large que celles qui ont jamais tenté les traits d'un satirique. Ces hommes se vantaient d'être les descendants et les représentants légitimes et non dégénérés des Puritains qui, après avoir été les principaux auteurs de la ruine de la papauté en Ecosse , avaient régenté pendant quelque temps et auraient volontiers continué à régenter la royauté et le peuple , sous une domination plus tyrannique que le clergé catholique lui-même n'avait jamais été capable d'en exercer dans cette nation courageuse. Ayant toujours à la bouche les horreurs du système papal, ces hommes étaient réellement, dans leurs cœurs, des moines aussi fanatiques et des inquisiteurs presque aussi implacables que ceux qui jamais portèrent corde et capuchon. Austères et désagréables d'aspect, bourrus et répugnants de langage et de manières, c'étaient de véritables Pharisiens en ce qui concernait les petites pratiques de la loi, et beaucoup d'entre

1 R. Chambers, tome I, p. 122.