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Page:Angellier - Robert Burns, I, 1893.djvu/138

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Ces livres séduisants sont des appâts et des hameçons

Pour des vauriens roués comme Rob Mossgiel ;

Vos beaux Tom Jones et vos Graudisson

Font tourner vos jeunes têtes ;

Ils allument vos cerveaux, enflamment vos veines,

Et alors vous êtes une proie pour Rob Mossgiel.

Méfiez-vous d'une langue douce et bien pendue ,

D'un cœur qui semble ressentir ardemment ;

Ce cœur sensible ne fait que jouer un rôle :

C'est un art roué chez Rob Mossgiel,

L'abord ouvert, les douces caresses

Sont pires que des dards d'acier empoisonnés ;

L'abord ouvert, les douces caresses

Ne sont que finesse chez Rob Mossgiel.

Mais ces épisodes secondaires reculent et s'effacent devant une aventure qui prit pendant quelque temps l'aspect d'un drame , et qui modifia toute son existence. Les courses de chevaux étaient depuis longtemps un plaisir favori en Ecosse *■ ; elles avaient réussi surtout dans l'Avrshire. Il y avait des courses annuelles à Mauchline ; elles avaient lieu vers la fin d'Avril. Le soir, il y avait des bals: les uns, pour les gentilshommes et les dames ; d'autres plus humbles, pour les rustiques. C'était, comme dans les villages, une pauvre salle probable- ment décorée de branchages, oii jouait un violon. On invitait les filles dans la rue et on donnait un penny par danse au musicien. Dans un de ces bals , en 1785 , pendant que Burns dansait , son chien de berger pénétra dans la salle et troubla les figures en suivant son maître. Burns en riant dit qu'il voudrait bien avoir une fille qui l'aimât autant que son chien. Quehiue temps après, il passait par le pré communal de Mauchline oii une jeune fille mettait du linge blanchir. Son chien, en courant, s'en approchant trop près, elle lui dit de le rappeler à lui. Il en fallait moins à Burns pour entrer en conversation. Tout en devisant, elle lui demanda s'il avait trouvé quelqu'un qui l'aimât autant que son chien, se moquant un peu de ce qu'elle lui avait entendu dire au bal. Ce fut la première rencontre de Burns avec celle qui après de singulières péripéties devait devenir sa femme ^. Elle s'appelait Jane et était la fille d'un maître maçon nommé William Armour, homme dur, fier de sa petite importance et appartenant au parti de la Vieille Lumière , autant de raisons , dont il convient de se souvenir , pour qu'il n'aimât point Burns. Les Armour demeuraient près de l'église, dans une ruelle sur laquelle donnait le derrière d'une auberge, où Burns, à partir de ce moment, alla se poster plus d'une fois 3.

1 Chambers, Domestic An/mis, lom. III, p. 454.

2 Chambers, tom. I, p. OT, — et aussi les Souvenirs de M'"' Burns à Af John Mac Diarmid, dans Hately "Waddell, avec quelques divergences de détail peu importantes.

3 Voir Burns at Mossgiel, p. 50, et le petit plan de l'ancien Mauchline qui s'y trouve.