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Page:Angellier - Robert Burns, I, 1893.djvu/15

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CHAPITRE I.

ALLO^WAY ET MONT - OLIPHANT. 1759-1777.

ALLOWAY. — L ENFANCE.

A deux milles environ au sud de la petite ville d'Ayr, en Ecosse, sur la route qui longe la mer près de la côte , se trouve un cottage de paysan , blanchi à la chaux , qui est peut-être, après la petite maison de Shakspeare à Stratford-sur-l'Avon, le lieu de pèlerinage littéraire le plus fameux de la race anglo-saxonne. Ce ne sont pourtant pas les endroits consacrés qui manquent en Angleterre , et l'affluence des fidèles ne leur fait pas défaut. Aucune race n'a davantage le culte, parce qu'aucune n'a autant l'orgueil, de ses grands hommes. Les ruines de Newstead Abbey, avec les souvenirs orageux de Byron ; la bourgeoise maison de Gowper à Olney ; la résidence gothique de Walter Scott à Abbotsford ; la paisible demeure de Wordsvvorth à Rydal Mount sont, chaque année, visitées par des milliers de voyageurs venus de tous les coins du monde, où l'on parle anglais. Mais elles le sont surtout par des catégories particulières d'admi- rateurs ; elles attirent de préférence telle ou telle classe d'âmes, selon que celles-ci ont plus d'affinité pour la révolte , la douceur , la santé d'esprit ou la méditation sereine. Aucun de ces lieux n'est l'objet d'un culte aussi général que cette petite chaumière d'argile. C'est là que naquit Robert Burns. Sa vie et ses œuvres sont en effet assez pleines d'un intérêt unique pour exciter toutes les curiosités, assez pleines d'infortunes et de beautés pour exciter toutes les pitiés et toutes les admirations.

Son père William Burns, ou plutôt, pour écrire son nom comme il l'écrivait lui-même, Burnes, venait du nord-est de l'Ecosse, du Kincar- dineshire. C'était le fils d'un fermier ; il avait été élevé sur la côte austère et âpre de la mer du Nord , parmi les ruines du château de Dunnottar, sur l'ancien domaine de la famille des Keith-Marischal dont les