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tout ce qu'il possédait et « particulièrement les profits qui peuvent sortir (le la publication de mes poèmes présentement sous presse », à la con- dition que son frère se chargerait d'élever la petite fille d'Élizabeth Paton, maintenant âgée de deux ans, qu'on avait recueillie à la ferme '. Il ne fit aucune provision pour Jane Armour. Le vieil Armour eut-il vent de la résolution de Burns ou connaissance de cet acte? Ce qu'il y a de certain c'est qu'il prit la résolution d'empêcher Burns de partir sans avoir laissé garantie d'une somme suffisante pour élever l'enfant dont sa fille était grosse. Il mit l'affaire entre les mains des gens de loi. Il y allait pour Burns de l'emprisonnement^. Nouvel acte dans ce drame! Le voilà obligé de quitter la ferme, de dépister les recherches. « Depuis quelque temps , je me glissais de cachette en cachette , dans toutes les terreurs de la prison ; des gens mal avisés et ingrats avaient découplé la meute sans merci des gens de loi à mes trousses ^ ». Sans un avertissement singulier et dont l'origine se laisse deviner, il était saisi. Il est probable que le vieil Armour comptait mettre la main sur une partie des profits que les souscriptions désormais couvertes assuraient aux poèmes. Burns alla chercher refuge, comme un véritable outlaw, dans la forêt de Old Rome, laissant ignorer à tous oii il avait disparu. Le 30 juillet 178G, il écrivait à son ami Richmond cette lettre qui rend bien l'état d'esprit oii il devait être :

Mon heure est maintenant venue. Vous et moi, nous ne nous reverrons plus en Angleterre. J'ai des ordres pour me rendre avant trois semaines, à bord de \à Nancy, capitaine Smith, allant de la Ch de à la Jamaïque et faisant escale à Antigiia. Ceci, sauf pour notre ami Smith que Dieu préserve longtemps, est un secret à Mauchline. Le croiriez-vous ? Armour a obtenu un mandat d'amener pour me jeter en prison, jusqu'à ce que je donne garantie pour une somme énorme. Us gardent un secret absolu sur ceci, mais j'en ai été informé par un canal auquel ils ne songent guère et me voici errant d'une maison d'ami à une autre, et, comme un vrai (ils de l'Evangile, « je n'ai pas où reposer ma tête ». Je sais que vous allez verser l'exécration sur la tête de Jane; mais, par amour pour moi, épargnez la pauvre fille mal conseillée: pourtant puissent toutes les furies qui déchirent la poitrine de l'amant ruiné et désespéré, accompagner sa mère jusqu'à sa dernière heure ! J'écris dans un moment de rage, réfléchissant à ma misérable situation — exilé, abandonné, délaissé. Je ne puis écrire davantage — donnez-moi de vos nouvelles par retour de la voiture. Je vous écrirai avant de partir .

On devine, aux derniers mots de la lettre, d'oii venait l'avertissement qui l'avait sauvé. Au moment oii elle avait vu celui qui l'avait aimé,

1 Deed of Assignment in favour of his brolher Gilbert, of » ail and Sundry Goods, Gear, Corns, Cattle, Horses, Nolt, Sheep, Household furniture, acd ail other movable eiiects of whalever kind that I shall leave behind on my departure from the Kingdom, etc. )) Mossgiel, 22"^ July 1186.

2 R. Ghambers, tom I, p. 290.

3 Aulobiographical Leiter to D Moore.

4 To John lUchmond, 30th July H 86.