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Page:Angellier - Robert Burns, I, 1893.djvu/243

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aux clubs, de visites, de démarches, fut surtout consacré à la révision des pièces qui devaient figurer dans la nouvelle édition. Il les soumettait au jugement des critiques qui l'entouraient. Il changeait un mot sur la suggestion du D"" Blair * ; il admettait une remarque de Mrs Dunlop ^, et surtout il suivait implicitement les avis du comte de Glencairn en ce qui concernait les manques de propriété ou de délicatesse"^. Mais les choses n'allaient pas toujours sans résistance de sa part.

Ces appréciateurs, d'un goût si poli qu'il en était aminci, trouvaient des objections, discutaient les expressions, proposaient des réticences, des adoucissements, des retranchements. Lui, bondissait, se révoltait, discu- tait, défendait son terrain. «J'ai l'avis de quelques très judicieux amis parmi les UUerati d'ici ; mais, avec eux, je trouve parfois nécessaire de revendiquer le privilège de penser pour moi-même ^ » Quand il était trop pressé il se rendait, mais malgré lui, en murmurant tout bas. Un jour qu'il avait sacrifié deux de ses plus jolies chansons, il écrivait : « Je puis à peine m'empêcher de verser une larme sur la mémoire de deux chan- sons qui m'ont coûté quelque travail et que j'estimais assez ; mais je dois me soumettre ». Et deux lignes plus loin, après avoir parlé d'autre chose, il y revenait : « Mes pauvres infortunées chansons me repassent dans la mémoire. Maudit soit la pédante et frigide âme de la critique pour jamais et jamais ^ ». Il est probable que, dans ces discussions avec ces connais- seurs trop raffinés, c'était lui qui avait raison le plus souvent. Cela semble ressortir de quelques passages de sa correspondance qui touchent à ce point. Son génie était trop vigoureux pour leur goût.

Enfin, le 21 avril 1787, parut la seconde édition de ses poèmes, connue sous le nom de l'édition d'Edimbourg. C'était un volume in-octavo, du prix de cinq shellings. Il contenait un certain nombre de pièces qui n'avaient pas été insérées dans l'édition de Kilmarnock, comme La Mort et le Docteur Hornhock, l'Ordination et V Adresse aux rigidement Vertueux^ en même temps qu'un certain nombre d'autres qui avaient été écrites depuis, comme les Ponts d'Ayr, \ Elégie de Tarn Samson et V Adresse à Edimbourg. Il était précédé d'une préface et suivi d'une liste des souscripteurs qui ont toutes deux leur intérêt. La première est une dédicace de l'ouvrage, di\x\ (i Nobkmen and gentlemen of the Caledonian Hunt )) . Elle ne manque ni d'élévation, ni de dignité ; peut-être y a-t-il même une affirmation d'indépendance un peu affectée. Il est curieux de la rapprocher de la préface de l'édition de Kilmarnock, qui est plus simple et plus touchante.

1 Voir Scott Douglas, tom. I, p. Tl-2.

2 To Mrs Dunlop, 15"i Jan. HST.

3 To tlic lion Henry Erskine, Lettre i — la .1/'* Dunlop. 22^d March 1787.

4 To 3/'-- Dunlop, 22n<l March 1787.

5 To Gavinllamillon, 8th March 17&7.