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Icment des générations, font à un peuple une conscience et une âme ; avec une demi-douzaine de mots pareils, on crée une patrie. Burns avait pour cette bataille une admiration singulière.

« Indépendamment démon enthousiasme comme Écossais, j'ai rarement rencontré dans riiisloiie quelque ciiose qui intéresse mes sentiments d'iionime autant que riiisloire de Bannockburn. D'un côté, un usurpateur cruel, mais habile, conduisant la plus belle armée de lEurope pour éteindre la dernière étincelle de liberté chez un peuple grandement courageux et grandement opprimé ; de l'autre côté, les restes désespérés d'une nation vaillante, se dévouant pour sauver leur patrie saignante ou périr avec elle. Liberté! tu es d'un grand prix en vérité et inestimable siireraent, car jamais tu ne peux être trop chèrement achetée 1 1 ».

On imagine avec quels sentiments il parcourut le champ de bataille, et suivit sur le terrain toutes les péripéties de la journée. 11 vit l'endroit cil était campée l'armée qu'Edouard II amenait lui-même, forte de cent mille hommes, une des plus belles du moyen âge et qui semblait toute d'acier. C'est sur la rive droite du ruisseau du Bannock, par lequel les deux armées étaient séparées^. Sur les pentes de l'autre bord , s'éta- laient les troupes écossaises, qui ne comptaient pas plus de trente raille hommes. Le ruisseau franchi, on foule le site même de la bataille. Voici la tourbière de Milton, sur laquelle Bruce comptait pour défendre son aile gauche. Voici, sur sa droite, le champ qu'il avait fait creuser de trous recouverts de feuillages et semer de chausse-trapes^. Voici l'endroit oii le chevalier anglais Henri de Bohun, le reconnaissant au cercle d'or qui ornait son casque, tandis qu'il parcourait les rangs sur un petit poney, vint le provoquer à un combat singulier. Bruce accepta, quoiqu'il eût entre les jambes une monture frêle et à la main une hache de guerre seulement. Quand de Bohun arriva sur lui, lance baissée, de tout le poids de son lourd coursier de guerre, il l'évita en faisant tourner son petit cheval, et se dressant sur ses étriers asséna ud coup qui brisa le casque de son ennemi « comme une noisette * » et fit éclater le manche de sa bonne hache dans son gantelet de fer. C'était de bon augure. Voici le lieu où les terribles archers anglais, qui savaient envoyer leurs flèches aux défauts des plus fines cottes de mailles de Milan ^ et avaient gagné tant de batailles, furent culbutés par la petite cavalerie de Bruce. Voici l'espace où les fantassins écossais, formés en groupes compacts et hérissés de lances, selon l'exemple récemment donné par

1 To lord Buchan, 1%^^ Jan 1794.

2 Pour la visite du champ de bataille, voir Shearer's Guide to Slirling, avec le plan. ^ Tytler. History of Scolland, tom I, chap. m, p. 115.

  • Walter Scott. Lord of the Isles. Gante vi. 15. — Voir aussi son récit dans ses Talcs

of a Grand Fatlier, chap. x.

^ Hill Burton. Hislory of Scolland. tom II, p. 261.

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