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grottes, pleines de fins feuillages d'une fraîcheur et d'une délicatesse féeriques. Ce berceau, qui empêche le soleil de pénétrer autrement que par flèches et l'humidité de s'évaporer, entretient une ombre et une tiédeur. Des filets clairs, qui suintent ou jaillissent de tous les rochers, brillent dans les feuillages; une brume d'eau, une poussière d'argent s'élève ; toutes les branches, les brins d'herbe scintillent de gouttelettes, et la dentelle des ramures est surbrodée d'une dentelle de cristal qui tremble avec elle et, en tremblant, laisse tomber des perles, aussitôt reformées. [1 règne là un crépuscule somptueusement et mystérieusement verdâtre, plus sombre sous les sapins, plus pâle sous les hêtres et les bouleaux, dans les profondeurs duquel éclatent des ors et des émeraudes, souvent en des endroits si reculés qu'on dirait qu'ils s'y allument d'eux-mêmes. C'est un palais tendu de velours vert , où s'alanguit une moiteur voluptueuse, une retraite pleine d'alcôves pour les Oréades. On ne peut s'y attarder sans penser à la rêverie merveilleuse, à la grotte aérienne et irisée, oii Shelley eût placé une des pauses de son Alastor; ou mieux encore à la riche apparition forestière, luisante, profonde, frissonnante de lumière, oii Keats eût placé un des sommeils de son Endymion.

Lorsqu'après avoir ainsi contemplé ce paysage, on ou\re son Burns, curieux de voir ce qu'il en a saisi, on est tout dépaysé. Il n'y a trouvé qu'un lieu de rendez-vous et matière à une petite chanson :

Jolie fillette, voulez-vous venir

Voulez-vous venir, voulez-vous venir,

Jolie flUelle, voulez-vous venir

Vers les bouleaux d'Aberfeldy?

Maintenant l'été brille sur les pentes fleuries, Et joue sur les ruisselets de cristal; Venez, allons passer les jours clairs Sous les bouleaux d'Aberfeldy.

Les petits oiselets chantent joyeusement,

Tandis qu'au-dessus d'eux les noisetiers pendent.

Ou ils volètent légèrement d'une aile folâtre.

Dans les bouleaux d'Aberfeldy.

Les parois se dressent comme de hauts murs, Le ruisseau écumant, rugissant, profondément tombe. Sous une voûte de verdures penchées et odorantes. Sous les bouleaux d'Aberfeldy.

Les âpres escarpements sont couronnés de fleurs, Tout blanc le ruissseau se verse en cataractes. Et , remontant mouille, d'averses de brouillard, Les bouleaux d'Aberfeldy.

Que les dons de la Fortune volent au hasard, Us n'obtiendront jamais un souhait de moi: