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a dans ce surcroît de dignité, dans ce plus de prix ajouté à elle-même à cause de lui, quelque chose qui ne manque pas d'une certaine élévation. Cela montre que cet amour se développait en elle selon sa loi d'ano- blissement. Ce pouvoir rehaussant d'une vraie affection, cet effort pour faire de soi une demeure digne de celui qu'on aime est humain. C'est à des trouvailles comme celle-là qu'on reconnaît la sincérité d'un sentiment. C'est la dernière chose que Clarinda ait écrite à Burns à cette éjjoque-là ; elle marque combien, depuis les coquetteries des premières lettres, avait grandi son affection pour son poète.

Vers le 10 mars, Burns retourna à Edimbourg, afin d'y faire ses prépa- ratifs pour s'en éloigner définitivement. Il y resta seulement une quinzaine de jours, qu'il employa , avec une grande activité , à arranger plusieurs affaires importantes pour lui. La principale était le règlement définitif de son compte avec son libraire Creech. Après quelques lenteurs de la part de celui-ci, Burns reçut enfin presque tout ce qui lui revenait de la publication de ses poèmes. Il y a quelques divergences dans l'estimation de la somme qui lui revenait ainsi. Burns lui-même écrivait au D Moore : « Je crois qu'en y comprenant 100 livres de droit d'auteur, je réaliserai environ 400 livres et quelque chose en plus ; et même une partie de ceci dépend de ce que le gentleman (Creech) a encore à régler avec moi ^ ». William Nicol racontait plus tard que Burns lui avait dit qu'il avait reçu 600 livres pour sa première édition d'Edimbourg, plus 100 livres de droit d'auteur'. Currie, d'après Gilbert, évaluait les profits à 500 livres. Pour rapprocher ces sommes , assez peu différentes après tout, il suffit de penser qu'en employant le mot « réaliser », il avait défalqué les dépenses faites pendant ses séjours à Edimbourg et ses voyages. On peut, avec vraisemblance , estimer à 380 ou 400 livres , la somme qu'il retirait de ses poèmes. C'est avec ces ressources qu'il devait commencer sa vie. Une autre affaire fut la signature du contrat de sa ferme. Il choisissait décidément la ferme d'Ellisland. M' Miller, le propriétaire, lui accordait un bail de 76 ans, moyennant une rente annuelle de 50 livres pendant les trois premières années, et de 70 livres pour les suivantes. Toutes ces occupations remplirent la quinzaine pendant laquelle il resta à Edimbourg. Dans cet affairement il dut, dit Chambers, recevoir de chez lui une série de lettres lui annonçant d'abord que Jane Armour venait d'accoucher de deux jumeaux , puis que les deux petits êtres étaient morts presque aussitôt ^.

Par dessous ces occupations et ces arrangements, sa liaison avec

1 To Dr Moore, 4tli Jon. 1180.

2 R. Chambers, toiii. II, p. 248. R. Chambers, tom. II, p. 251.