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ministre ne leur avait pas fait joindre les mains, et la promesse simple et grave du mariage écossais n'avait pas été prononcée d'être l'un pour l'autre un époux aimant et fidèle et une épouse aimante, fidèle et soumise, « jusqu'à ce que Dieu nous sépare par la mort^ » La situation du jeune ménage était donc irrégulière , vis-à-vis de l'Eglise. Cependant la communion annuelle, qui était administrée à Mauchline, au commen- cement d'Août, approchait. C'est dans les paroisses écossaises un événement entouré de solennité . Quelque temps auparavant , le ministre, en chaire, donne notice à la congrégation que « le souper du Seigneur » sera administré tel jour. Durant la semaine qui précède, le Consistoire se réunit et dresse une liste de tous les communiants de la paroisse, conformément au livre d'exercices du ministre et au témoignage des anciens et des diacres. D'après cette liste, des billets sont remis aux anciens pour les distribuer aux fidèles. Le jour de la Cène, en face des tables recouvertes d'une nappe blanche et portant les deux espèces, le vin dans le calice et le pain dans la corbeille, le ministre défend aux indignes d'approcher. Les communiants ne peuvent prendre place aux sièges déposés de chaque côté des tables qu'en présentant les billets délivrés par les anciens. 11 y a là un moyen efficace de discipline et qui sert de sanction aux arrêts du Consistoire, car être exclu de la participa- tion au sacrement emporte une idée de déconsidération et de scandale. Aussi, un peu avant l'époque de cette cérémonie, les registres des paroisses sont-ils remplis de notices de gens qui font amende honorable. Burns fit comme les autres, plus sans doute pour sa jeune femme et sa famille que pour lui-même. On trouve dans les registres de Mauchline, le passage suivant :

4 788. — Août 5. — Ont comparu Robert Burns, avec Jane Armour, son épouse préfendue. Ils reconnaissent tous deux leur mariage irrégulier, leur chagrin de celle irrégularité, et leur désir que la session prenne les mesures qui lui sembleront nécessaires en vue de la confirmation solennelle du dit mariage. La session, prenant celte affaire en considération, décide qu'ils seront tous deux blâmés pour Tirrégularilé qu'ils reconnaissent, et qu'ils seront solennellement engagés à rester fidèlement unis à l'un à l'autre, comme mari et femme, tous les jours de leur vie.

La session a, par loi, droit à une amende en faveur des pauvres, elle s'en rapporte à la générosité de M. Burns.

La sentence précitée a élé conformément exécutée et la session absout les deux personnes susdites de tout scandale de ce chef '^.

A la suite, vient la signature du ministre et celle de Burns. Celui-ci

' Voir pour les mariages écossais ChamLerlayne, Magnœ Britanniœ notilia ; — C. W. Sprott. The Woiship and Offices of Ihe Church of Scollimd ; — et pour les détails de cou- tumes Ch. l^ogcrs, Scotlatid social and Domeslic, p. 116 et suivantes. — W. Gunnyon, Illustralions of ScoUish, Hislory, Life and superstitions from Song and Ballad, p. 208.

2 R. Chambers, tom II, p. 280.